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Toutânkhamon « Le Trésor du Pharaon » de passage à Paris

C

inquante ans après «l’exposition du siècle» qui avait réuni plus d’1,2 millions de visiteurs en 1967 à Paris, les trésors du tombeau de l’enfant roi reviennent dans la capitale française pour être contemplée, jusqu’au 15 septembre 2019 à la Grande Halle de la Villette de Paris. Une occasion unique de redécouvrir l’histoire du plus célèbre des Pharaons avant l’installation permanente des artefacts au sein du nouveau Grand Musée Égyptien (GEM) actuellement en construction au Caire et qui devrait ouvrir ses portes au public en 2020.

“Lorsque mes yeux s’habituèrent à la lumière, les détails de la pièce émergèrent lentement de la pénombre, des animaux étranges, des statues et de l’or, partout le scintillement de l’or.” Howard Carter

Howard Carter - Toutankhamon
Le 29 novembre 1922, l’archéologue britannique Howard Carter entrait dans la chambre mortuaire du tombeau de Toutankhamon. • Crédits : Hulton Archive – Getty

Le 4 novembre 1922, l’archéologue britannique Howard Carter fit une découverte extraordinaire dans la Vallée des Rois : le tombeau de Toutânkhamon, pharaon de la XVIIIe dynastie égyptienne, au 14e siècle avant JC. L’exposition Toutânkhamon, le Trésor du Pharaon célèbre le centenaire de cette découverte légendaire en réunissant des chefs-d’œuvre d’exception dans une tournée mondiale qui ne peut que nous rappeler l’exposition historique «Toutânkhamon et son temps» de 1967.

« Toutânkhamon et son temps » une exposition historique

En 1967, l’exposition «Toutânkhamon et son temps» au Petit Palais réuni plus de 1,2 million de visiteurs. Quelques jours avant Noël 1966, un avion militaire français se pose sur le tarmac de l’aéroport du Bourget, transportant à son bord une partie du trésor funéraire du pharaon Toutânkhamon, sous l’escorte de l’égyptologue française Christiane Desroches-Noblecourt, alors conservatrice au Département des antiquités égyptiennes du Musée du Louvre – les objets lourds avaient quant à eux fait le voyage par bateau. L’Égypte prêtait en effet à la France trente deux artefacts issus de l’impressionnant mobilier funéraire du souverain, associés à treize autres objets provenant des collections du Musée égyptien du Caire, afin de retracer au Petit Palais « Toutânkhamon et son temps ».

La foule au Petit-Palais pour visiter l’exposition Toutankhamon en 1967. Rue des Archives/© Rue des Archives/AGIP
La foule au Petit-Palais pour visiter l’exposition Toutankhamon en 1967. Rue des Archives/© Rue des Archives/AGIP

Inaugurée le 16 février 1967, en présence d’André Malraux, ministre de la Culture de l’époque, et de son homologue égyptien Sarouate Okacha, cette exposition concrétisait le souhait de longue date de sa commissaire, Christiane Desroches-Noblecourt, de présenter au public français les fascinants objets découverts en novembre 1922 par Howard Carter et lord Carnarvon dans le tombeau inviolé du pharaon. Au-delà de l’indéniable qualité esthétique des œuvres et objets exposés, témoignages de la finesse et de la sensibilité de l’art égyptien à la fin de la XVIIIe dynastie, son idée-force était de « faire parler » les objets et de révéler au grand public leur raison d’être. Cette volonté de remise en contexte alla jusqu’à l’ajout d’ornements floraux à proximité des vitrines, évocation des grands bouquets offerts au défunt dans l’Antiquité. Christiane Desroches-Noblecourt organisa les neuf salles de l’exposition autour de la vie et de la mort du roi Toutânkhamon, en prêtant notamment attention aux rites funéraires. Au terme du parcours, dans une salle tapissée couleur cornaline, le visiteur découvrait le fameux masque en or du roi – arrivé sous bonne garde la veille de l’inauguration à bord d’un avion touristique Air France.

La foule au Petit-Palais pour visiter l’exposition Toutankhamon en 1967. Rue des Archives/© Rue des Archives/AGIP
La foule au Petit-Palais pour visiter l’exposition Toutankhamon en 1967. Rue des Archives/© Rue des Archives/AGIP

Dès l’inauguration, «Toutânkhamon et son temps» généra un fort enthousiasme, la presse contemporaine évoquant «l’émerveillement» et le «recueillement» ressentis devant les œuvres présentées. L’engouement du public fut tel – certains jours jusqu’à 12.000 personnes se pressaient au Petit Palais – que les notices d’exposition durent être refaites en grand format et placées au-dessus de chaque vitrine, afin d’être visibles par tout un chacun. Et il fut décidé de prolonger la durée de l’exposition, initialement prévue jusqu’au 15 juin 1967, jusqu’à la date du 4 septembre suivant. «Toutânkhamon et son temps» attira ainsi 1.241.000 visiteurs, des queues se constituant chaque jour sur l’avenue Winston Churchill et les Champs Élysées, véritable phénomène de la «vie moderne» que Sempé ne manqua d’évoquer dans L’Express. L’une des premières expositions blockbuster, «Toutânkhamon et son temps» fut aussi le symbole des bonnes relations entre la France et l’Égypte, après la crise du Canal de Suez et permit d’aider financièrement la campagne de sauvegarde des monuments de Nubie, menacés par la construction du barrage d’Assouan, et dont Christiane Desroches-Noblecourt et Sarouate Okacha furent en grande partie les maîtres d’œuvre. Le bénéfice des entrées et des demandes d’autorisation de photographie fûrent ainsi consacrés à la protection et au sauvetage des monuments et des sites voués à la disparition sous les eaux du lac Nasser.

L’ultime tournée mondiale

Pour cette ultime tournée, l’exposition Toutânkhamon, le Trésor du Pharaon est accueillie dans les plus grandes capitales internationales. Cette «tournée» mondiale passera par 10 métropoles et a démarré à Los Angeles (LA Science Center), où elle était visible du 24 mars 2018 au 6 janvier 2019.

Vue de l’exposition «Toutânkhamon. Le trésor du Pharaon» à la Grande Halle de la Villette, du 23 mars au 15 septembre,2019 ©Anne-Sophie Lesage-Münch

Cette exposition totalement immersive dévoile plus de 150 pièces maîtresses, dont 50 voyageront pour la première et la dernière fois hors d’Égypte. Pour son escale parisienne, la statue du dieu Amon protégeant Toutânkhamon, issue des collections du musée du Louvre, s’invite dans la scénographie. Malheureusement le masque funéraire de Toutânkhamon clou du spectacle de l’exposition de 1967 ne sera pas exposé durant l’évènement car une loi égyptienne interdit de le déplacer. L’exposition demeure malgré tout une occasion unique d’admirer une collection du patrimoine mondial, témoignage d’une civilisation fascinante.

Vue de l’exposition «Toutânkhamon. Le trésor du Pharaon» à la Grande Halle de la Villette, du 23 mars au 15 septembre,2019 ©Anne-Sophie Lesage-Münch
Vue de l’exposition «Toutânkhamon. Le trésor du Pharaon» à la Grande Halle de la Villette, du 23 mars au 15 septembre,2019 ©Anne-Sophie Lesage-Münch

À l’issue de leur itinérance, les objets présentés lors de l’exposition rejoindront la collection permanente du nouveau Grand Musée Égyptien (GEM) en construction au Caire, aux côtés du fonds dédié à Toutânkhamon et à l’histoire de l’Egypte ancienne. Les bénéfices de cette tournée mondiale permettront donc de soutenir financièrement la construction et le développement du Grand Musée Égyptien, ainsi que les sites archéologiques en Égypte.

Pour en savoir plus sur le Musée Égyptien (GEM) suivez le lien ci-dessous :

 → Le Grand Musée d’Égypte devrait ouvrir ses portes en 2020

  Grande Halle de la Villette de Paris

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