1-54 foire d’art contemporain africain grandit avec le marché

Depuis six ans, la foire 1-54 (parce qu’il y a 54 états en Afrique) grandit avec le marché qu’elle promeut. Aujourd’hui implantée sur trois continents, sa stratégie de croissance semble payer avec une édition londonienne réussie. Ce sont trois arbres de Ibrahim El-Salahi qui accueillaient les visiteurs cette année à la Somerset House de Londres pour la sixième édition de 1-54, l’une des foires de premier plan dans la promotion et la reconnaissance de l’art africain et de sa diaspora. Trois arbres, comme le signe de la majesté et de la croissance…

Dans les allées, une sélection triée sur le volet d’une quarantaine de galeries et près de 130 artistes. Fait remarquable, près d’un quart des exposants avaient l’audace de présenter des solo shows. Omar Ba était ainsi montré par Art Bärtschi & Cie, qui a commencé à vendre l’artiste alors qu’il fréquentait les squats de Genève. Comme le temps a passé… À la rentrée, Omar Ba vernissait sa seconde exposition personnelle chez Templon (Paris). Il y avait aussi les beaux projets de Wonga Mancoba pour la galerie Mikael Anderson et du photographe Youssef Nabil chez Nathalie Obadia. En tout, 18.000 visiteurs se sont pressés pour visiter la foire, et pas des moindres, puisque l’on a aperçu dans ses allées des institutionnels de premier plan, notamment les curateurs du LACMA ou de la fondation Vuitton, très attentifs à ce qu’il se passe sur les scènes africaines.

Omar Ba, Fusion Animal-Homme, 2017 Courtesy the artist and Art Bartschi & Cie
Omar Ba, Fusion Animal-Homme, 2017 Courtesy the artist and Art Bartschi & Cie

Côté ventes, cette nouvelle édition a été la confirmation que l’art contemporain africain est en pleine explosion. Certains, ceux qui restent sceptiques, y voient un phénomène de mode. De plus en plus, la cote et la reconnaissance des artistes africains prennent des airs non pas de tocade de marché, mais de renouveau — et cela s’approfondit avec la structuration des scènes domestiques sur le continent, comme c’est le cas au Maroc, en Afrique du Sud ou au Niger.

«La croissance et la popularité de la foire sont un véritable témoignage de l’abandon des récits d’histoire de l’art eurocentriques », observe Touria El Glaoui, l’organisatrice et la fondatrice de 1-54. Les acquisitions ont été nombreuses et, fait remarquable, il est encore possible de réaliser des emplettes pour pas cher. Sur 1:54, les pièces de nombre d’artistes se vendaient sous la barre des 5.000 $ : Soly Cissé chez Sulger-Buel Lovell, Màrio Macilau chez Ed Cross fine art, les dessins de Mohamed Lekleti chez Loft Art Gallery ou bien encore les abstractions de Mongezi Ncaphayi chez SMAC ou les portraits de Zemba Luzamba, qui ont bien fonctionné. Le marché affectionne toujours ces pièces peu onéreuses, que ce soit pour les primo-collectionneurs ou pour les plus confirmés, d’autant plus quand elles sont aussi tendance.

© Brittany Buongiorno - Idris Elba and Touria El Glaoui at 1.54 London 2018 edition
© Brittany Buongiorno – Idris Elba and Touria El Glaoui at 1.54 London 2018 edition

A la fin de la foire, Touria El Glaoui était radieuse. « Nous sommes si fiers du chemin parcouru depuis notre première foire à Londres en 2013. Avec notre première édition à Marrakech en février dernier et la quatrième édition à New York en mai, nous avons développé de nouveaux publics pour l’art africain contemporain et sa diaspora à travers trois foires et trois continents différents ».

© Katrina Sorrentino, Brittany Buongiorno
© Katrina Sorrentino, Brittany Buongiorno

1-54 vient d’annoncer ses exposants pour la prochaine édition qu’elle organise à Marrakech, en février 2019, après une inauguration remarquée pour sa qualité, plus que pour ses ventes. De nouvelles galeries de premier plan se joindront à l’événement, comme la galerie Poggi (Paris), mais aussi la galerie sud-africaine Goodman, ou In Situ – Fabienne Leclerc (Paris) et Siniya28 (Marrakech).

Athi-Patra Ruga Image, Night of the long Knives I, 2013, Courtesy Athi-Patra Ruga and WHATIFTHEWORLD
Athi-Patra Ruga Image, Night of the long Knives I, 2013, Courtesy Athi-Patra Ruga and WHATIFTHEWORLD

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