Joe Turpin : Voyage dans les profondeurs de l’art entre récits historiques, sémiotique et expansion picturale

Joe Turpin Portrait by Boipelo Khunou

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oe Turpin est un jeune artiste sud-africain qui explore les profondeurs de l’art à travers les récits historiques, la sémiotique et l’expansion de sa pratique picturale. Il est attiré par les questions de position ; il étudie ce que signifie être un jeune homme blanc, un Africain, un artiste émergent – souvent en puisant dans son héritage juif pour explorer les concepts de migration et de persécution, d’identité et de paradigmes culturels.

Turpin est diplômé de l’Université du Witwatersrand en 2018 avec un baccalauréat en arts (avec mention) en beaux-arts. Il vit et travaille actuellement dans la ville de Johannesburg.

 L’entrevue ci-dessous est l’une des nombreuses que j’ai réalisées avec l’artiste, car j’ai suivi sa pratique artistique pendant de nombreuses années.

Nkgopoleng Moloi (NM): Comment votre diplôme vous a-t-il préparé au monde de l’art ?

Joe Turpin (JT): Je pense que mon diplôme m’a préparé à la quantité d’information et d’apprentissage à laquelle je pouvais avoir accès. J’ai vraiment l’impression que j’aurai été très en retard si je n’avais pas fait d’études. Les compétences enseignées sont également utiles à ma pratique.

NM: Comment envisagez-vous de cadrer votre pratique maintenant que vous êtes en dehors d’une structure formelle – en termes de temps, de concepts, etc. 

JT: Eh bien, je pense que je travail quand j’en ai le temps, j’essaie de le faire aussi souvent que possible, et quand j’ai le matériel. Mais il y a des libertés et des contraintes…. Je n’ai plus d’atelier, ce que j’avais il y a un an. Mais je ne fais plus de travail selon les délais des écoles d’art. J’ai mes propres délais.

Je me trouve également moins préoccupé par l’attitude des gens à l’égard de mon travail. Mes concepts et mes intérêts évoluent et restent les mêmes dans un sens – un vif intérêt pour la mythologie et l’histoire.

NM: Je veux savoir ce que vous pensez de la notion du temps – étant donné qu’une grande partie de votre travail porte sur l’histoire et essaye de comprendre cette histoire ?

JT: J’ai compris depuis un certain temps que le temps n’est pas linéaire, mais c’est simplement ainsi que les gens (y compris moi-même) le perçoivent. Je crois que le temps évolue en cycles à mesure que nous changeons et grandissons. Dès mon plus jeune âge, j’ai compris ce concept, car nous célébrions les fêtes juives sous le calendrier lunisolaire, qui me dit que l’année est maintenant 5779 ( et non 2019 selon le calendrier grégorien). Je le ressens parfois – pendant certaines périodes de l’année, des saisons où la lumière ressemble à un souvenir que j’avais dans la même saison (auparavant)… les gens autour de moi à cette époque ou les odeurs sont évoquées à nouveau. Cela signifie que le passage du temps s’est répété et m’est revenu. Sauf que maintenant, les gens sont partis et que je suis plus âgé et, je l’espère, plus sage.

WHEN CUPID CRIES 2018

NM: Pouvez-vous me parler de votre processus de nomination des œuvres ?

JT:  Je nomme mes œuvres en fonction des moments qui y sont représentés. C’est semblable à la façon dont un musicien décide de nommer une chanson, ou un auteur de nommer un livre.

Qu’est-ce qu’une description appropriée, et à quoi je pense ou que vois-je quand j’imagine l’œuvre ?

Par exemple si une peinture parle d’un mythe, le nom du mythe, les personnages, l’angle ou le moment exact lorsque je peins – tout cela peut apparaître dans le nom. Certaines de ces œuvres sont sans titre. Il ne s’agit pas d’un processus long et compliqué. Je documente toujours les noms. Nommer, c’est le pouvoir.

THE FLOWER SELLER 2018

NM: Votre pratique s’étend sur plusieurs médiums, quel est le médium qui vous attire le plus et pourquoi à votre avis ? 

JT: Je suis constamment attiré par la peinture, mais j’aime travailler avec tout ce dont j’ai besoin. Parfois, une œuvre exige de moi un médium spécifique. C’est un autre domaine où l’école d’art m’a vraiment aidé – je me voyais auparavant comme un peintre mais maintenant mon travail est plus large ; j’ai fait de la vidéo, de l’installation, de la photographie, une combinaison……….mais je retourne à la peinture. C’est ma passion, ce dont je suis tombé amoureux, et c’est là que j’ai encore beaucoup à faire. Je suis plus dur avec moi-même quand je peins. Mais c’est méditatif, c’est apaisant, contrôlant et pourtant très libérateur.

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À propos de l’auteur

Nkgopoleng Moloi

Rédactrice et photographe basée à Johannesburg. Nkgopoleng s’intéresse aux espaces que nous occupons et dans lesquels nous naviguons, mais aussi à la façon dont ils influencent les gens que nous devenons. L’écriture est un outil qu’elle utilise pour comprendre le monde qui l’entoure et pour explorer les choses qui la passionnent et l’intriguent, notamment l’histoire, l’art, la langue et l’architecture. Elle entretient une réelle fascination pour les villes, leur complexité et leur potentiel.

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