Paul Senyol – La poésie par le marquage

Un point est une marque. Des points reliés entre eux deviennent une ligne. Les lignes raccordées deviennent une forme. Au fil du temps, des formes multiples deviennent un motif. Un motif devient un poème

Jusqu’au 13 juillet 2019 est présentée à la galerie David Krut Projects de Johannesburg l’exposition « Markers » solo de Paul Senyol. Cette exposition se veut être un recueil d’espaces, de traces et de transitions à travers les peintures de l’artiste, reflétant une belle poésie façonnée par la fluidité et le mouvement. Dans cet ensemble d’œuvres, Senyol aborde le thème de la liminalité – tant dans la forme que dans le concept – comme une désorientation qui se produit lorsque nous sommes en transition ou entre deux. Pour lui, ce sentiment de désorientation et de réflexion sur l’environnement passe par son observation de l’environnement.

Installation view "Makers" by Paul Senyol Courtesy David Krut Projects
Installation view « Makers » by Paul Senyol
Courtesy David Krut Projects

Les formes organiques et non organiques à l’intérieur du tableau sont représentées au premier plan sur l’idée d’une marque – ce que la marque communique et les gestes nécessaires pour créer cette marque. Par un processus de souffle et de respiration, ces marques créent une continuité entre le corps humain et le paysage tout en réfléchissant sur la manière dont l’homme s’insère dans les différents paysages urbains et paysagers (ex : sculpture de son nom sur un arbre, graffiti sur un arrêt de bus).

Senyol et moi avons eu une brève conversation avant l’ouverture de « Markers ».

NM: Pouvez-vous nous parler du titre de cette exposition ?

PS:« Marqueurs » est une tentative de mettre en évidence le processus et l’acte de fabrication de marques (empreintes) dans mes œuvres. C’est un titre qui me trotte dans la tête depuis un certain temps. Le titre lui-même fait allusion à certains repères géographiques que j’ai rencontrés, ainsi qu’à la mise en œuvre et à l’outil d’un marqueur utilisé pour produire les œuvres. La fabrication de marques, la répétition et l’abstraction sont des aspects clés de mon processus et de mon travail.

NM: Pouvez-vous nous en dire plus sur cette idée de voir les humains s’imposer dans différents paysages ?

SM: Il y a une tension. En tant qu’homme, nous nous imposons à l’environnement naturel, mais en même temps, nous abandonnons certaines zones. Ces zones qui ont été définitivement abandonnées peuvent parfois montrer un lent processus de récupération. Je suis très intéressé par l’intersection entre l’espace naturel et l’espace artificiel. J’aime beaucoup les espaces où les deux se rencontrent. C’est le plus souvent là que l’on trouve aujourd’hui la fabrication de marquages, par exemple les arts de la rue/graffitis. J’aime vraiment être dans la nature et je m’inspire beaucoup des formes, des couleurs et des formes trouvées à l’extérieur. En même temps, j’apprécie aussi le grain de sable des espaces urbains. Je m’inspire de ces deux éléments dans mon travail.

NM: Vos réflexions sur ces notions de couleur, de ligne et de forme m’intéressent. Comment pensez-vous à chacun de ces éléments au fur et à mesure que vous progressez dans la réalisation de vos œuvres ?

SM: J’aime la tension que même une toute petite ligne ou marque peut créer sur une toile. Même les marques accidentelles et involontaires peuvent devenir belles…j’espère que cette tension et cette beauté s’exprimeront dans mon travail. J’ai souvent des bouts de papier brouillon et du papier calque que j’utilise comme point de départ pour faire des dessins pour mes peintures. Ceux-ci servent de réductions dans la composition et donnent une direction pour les peintures. La plupart sont glanées à partir d’instantanés rapides sur mon téléphone – des instantanés de paysages, de paysages urbains, de fleurs, etc. Au fur et à mesure qu’ils sont dessinés et redessinés, ils s’abstraient et trouvent leur place dans mes peintures.

NM: J’aimerais comprendre votre processus de création….est-ce que ces abstractions (dans les tableaux) finissent par dépeindre les mouvements que vous observez en faisant attention à l’environnement ou est-ce qu’elles finissent par refléter une humeur et une émotion générales ? 

SM: Pour moi, l’humeur et l’émotion sont un objectif tangible lorsque je travaille sur des pièces. En tant que peintre, je me sens à la fois témoin et traducteur. Je dessine des combinaisons de couleurs et de formes à partir de l’environnement.

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À propos de l’auteur

Nkgopoleng Moloi

Rédactrice et photographe basée à Johannesburg. Nkgopoleng s’intéresse aux espaces que nous occupons et dans lesquels nous naviguons, mais aussi à la façon dont ils influencent les gens que nous devenons. L’écriture est un outil qu’elle utilise pour comprendre le monde qui l’entoure et pour explorer les choses qui la passionnent et l’intriguent, notamment l’histoire, l’art, la langue et l’architecture. Elle entretient une réelle fascination pour les villes, leur complexité et leur potentiel.

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