RUBEM VALENTIM : CONSTRUCTIONS AFRO-ATLANTIQUES

L’exposition Construções afro-atlânticas réunit au MASP 90 des œuvres du peintre, sculpteur et graveur Rubem Valentim (Salvador, 1922-SãoPaulo, 1991), figure emblématique de l’art brésilien et de l’histoire afro atlantique au 20ème siècle. Organisée par Fernando Oliva (Maria Auxiliadora: vida cotidiana, pintura e resistência, 2018), l’exposition actuellement en cours, se poursuivra jusqu’au 10 mars 2019.

À partir des années 1950, Valentim a eu recours au langage de l’abstraction géométrique pour construire des compositions complexes qui ont redessiné et reconfiguré les symboles, emblèmes et références afro-brésiliens. Dans ce processus, il a transformé des langages artistiques d’origine européenne qui dominaient une bonne partie de la production artistique au Brésil et dans le monde dans les années 1950 et 1960 (abstraction géométrique, constructivisme et concrétisme), en les mélangeant avec des références africaines, principalement à travers des dessins et diagrammes représentant les orishas, dieux et symboles des religions afro-brésilienne, comme la double lame de Shango, la flèche de Oshosi et la canne d’Osanyin.

Malgré sa notoriété, Valentim n’a toujours pas reçu la reconnaissance qu’il mérite, et cette exposition et le catalogue qui l’accompagne visent à repositionner l’artiste dans l’histoire de l’art brésilien et international. L’accent est mis sur une approche plus large de son travail, soulignant ses aspects politiques, religieux et surtout afro-brésiliens, au-delà des abstractions, du constructivisme et de la géométrie de ses œuvres.

La période couverte par l’exposition s’étend de 1955, année où, alors qu’il était encore à Salvador, Valentim a assumé avec détermination ses références au candomblé et à la culture afro-brésilienne, jusqu’en 1978, année où sa période la plus fertile a pris fin. L’exposition traverse chronologiquement les différentes phases et lieux où l’artiste a travaillé : Bahia (1949-1956), Rio de Janeiro (1957-1963), Rome (1964-1966) et Brasília (1967-1978). Les œuvres présentées comprennent des regroupements majeurs, tels que la série Emblemas logotipos poéticos da cultura afro-brasileira  [Emblèmes, logos poétiques de la culture afro-brésilienne] , exposés à la Biennale de São Paulo en 1976, et les Relevos emblemas [Reliefs emblèmes] de 1977-1978.

Dans son Manifeste Antropofágico de 1928, texte fondateur du modernisme brésilien, Oswald de Andrade (1890-1954) propose poétiquement un véritable programme pour les artistes et intellectuels brésiliens : celui d’avaler et de digérer le patrimoine culturel européen pour ensuite construire, par ce procédé anthropophage, leurs propres œuvres hybrides, brésiliennes avec des références indigènes, africaines et européennes. Valentim a été parmi les artistes qui ont repris le projet anthropophagique de la manière la plus complète et la plus ambitieuse. Dans ce processus, il a réalisé l’une des opérations les plus radicales de l’histoire de l’art brésilien, soumettant un idiome artistique européen à un langage esthétique afro-brésilien, pour apporter une contribution efficace, singulière et puissante, à la fois décolonisante et anthropophagique.

Le catalogue Rubem Valentim : Construções afro-atlânticas, édité par Adriano Pedrosa et Fernando Oliva, avec des éditions séparées en portugais et en anglais, comprend des reproductions de 99 œuvres de l’artiste ; des textes commandés aux auteurs Abigail Lapin Dardashti, Adriano Pedrosa, Artur Santoro, Fernando Oliva, Lilia Schwarcz et Helio Menezes, Lisette Lagnado, Marcelo Mendes Chaves, Marta Mestre, Renata Bittencourt et Roberto Conduru, pour présenter leurs réflexions nouvelles sur le travail de Valentim ; et des rééditions de textes historiques, par Clarival do Prado Valadares, Frederico Morais, Giulio Carlo Argan, José Guilherme Merquior, Mário Pedrosa, Roberto Pontual et Bené Fonteles. Le volume contient également des reproductions inédites de carnets de notes produits par Rubem Valentim dans les années 1960 – des documents rares étant présentés au public pour la première fois, y compris des croquis et des plans d’œuvres d’art, ainsi que les notes et les pensées de l’artiste.

L’exposition a été rendue possible grâce au ministère brésilien de la Culture, Itaú et Fit.

L’exposition Rubem Valentim: Construções afro-atlânticas est présentée par Fernando Oliva, conservateur du MASP.

→ MASP – Musée d’art de São Paulo Assis Chateaubriand

MASP, un musée diversifié, inclusif et pluriel, dont la mission est d’établir, de façon critique et créative, des dialogues entre passé et présent, cultures et territoires, à travers les arts visuels.