Sindika Dokolo et Kendell Geers présentent « Incarnations. L’art africain comme philosophie »

Avec près de 5 000 chefs-d’oeuvre d’art classique et contemporain africain, la  collection d’art de Sindika Dokolo est considérée comme l’une des plus belles et des plus vastes au monde. L’exposition « IncarNations. L’art africain comme philosophie » présentera une partie de cette célèbre collection du 28 juin au 6 octobre 2019, au Palais des Beaux art de Bruxelles.

L’artiste et commissaire sud-africain Kendell Geers et le collectionneur d’art congolais Sindika Dokolo ont sélectionné environ 150 œuvres de l’imposante collection de ce dernier. L’objectif est d’inviter le visiteur à opérer un changement de perspective dans son regard sur l’art africain d’hier et celui d’aujourd’hui, par la mise en évidence de la spiritualité qui les relie.

C’est ainsi la première fois que les œuvres anciennes et contemporaines de cette collection seront présentées ensemble au public. IncarNations se veut un mélange autant qu’un échange entre l’art classique et l’art contemporain d’Afrique et de ses diasporas. Les masques, images et objets historiques y font office de jalons et ancrent les œuvres contemporaines dans le contexte ancien d’une création vivante.

Mohau Modisakeng, Passage, Video three channel, 2017, dimensions variables © Image courtesy of Mohau Modisakeng and WHATIFTHEWORLD
Mohau Modisakeng, Passage, Video three channel, 2017, dimensions variables © Image courtesy of Mohau Modisakeng and WHATIFTHEWORLD

L’exposition présente des œuvres de Sammy Baloji, William Kentridge, Wangechi Mutu, OtobongNkanga, Yinka Shonibare, Pascale Marthine Tayou, Ana Mendieta, Kehinde Wiley, Andres Serrano, Aida Muluneh, Mwangi Hutter, Hank Willis Thomas, Tracey Rose, Adrian Piper, Lubaina Himid, RogerBallen, Zanele Muholi, Phyllis Galembo,…

Joel Andrianomearisoa, NY Flow, Textile, 2010, 300 x 300 cm, © Courtesy of the artist
Joel Andrianomearisoa, NY Flow, Textile, 2010, 300 x 300 cm, © Courtesy of the artist

En réaction à la tendance d’appréciation de l’art africain basée sur la qualité esthétique des œuvres, sur leur origine et leur contexte ethnographique, IncarNations propose une autre approche, afrocentrique : « l’art africain comme philosophie » en référence à la pensée de Léopold Sedar Senghor et à l’analyse qui en est faite par le philosophe Souleymane Bachir Diagne.

Pour comprendre l’art, il est en effet important de s’intéresser au contexte y compris spirituel des œuvres. Un masque africain qui était créé pour représenter une transformation symbolique, permettait à la personne qui le portait d’incarner une divinité. Cette même force spirituelle est incorporée dans les œuvres d’art classique et celles d’art contemporain.

Kendell Geers, Twilight of the Idols (Fetish), Emergency chevron tape, lost object and nails, 2002, 64 X 35 X 30 cm, © Courtesy of the artist
Kendell Geers, Twilight of the Idols (Fetish), Emergency chevron tape, lost object and nails, 2002, 64 X 35 X 30 cm, © Courtesy of the artist

« Twilight of the Idols » de Kendell Geers, une statuette magico-religieuse emballée dans du ruban de sécurité, accueille les visiteurs. Cette œuvre, où se rencontrent l’art classique et l’art contemporain, représente la clé de l’exposition par ses forces spirituelles complexes et son caractère « stratifié ».

Phyllis Galembo, Akata Masquerade, Fuji crystal archive print, 2004, 157,5 x 156 cm, © Phyllis Galembo, Courtesy Steven Kasher Gallery
Phyllis Galembo, Akata Masquerade, Fuji crystal archive print, 2004, 157,5 x 156 cm, © Phyllis Galembo, Courtesy Steven Kasher Gallery

Le parcours aborde de manière organique des thèmes tels que l’animisme, la Négritude, le féminisme, l’identité, la mascarade, la performance, le fétiche, les mouvements de libération, les traditions du masque et l’esprit. Les chefs-d’œuvre classiques bénéficient d’une place centrale, en tant que garants spirituels de l’exposition autour desquels sont agencées les pièces contemporaines. La scénographie de Bruno De Veth,un ensemble contrasté d’images, de sons et de couleurs, évoque le dynamisme d’une métropole africaine et confère une vitalité aux œuvres présentées.

Map Maker: Ramusio, Africa, 1556
Map Maker: Ramusio, Africa, 1556

Avec IncarNations, Sindika Dokolo et Kendell Geers interrogent la complexité de l’identité africaine selon une perspective résolument africaine.

L’Afrique est en effet un continent ancien comptant 54 pays, des milliers de langues et dialectes, de traditions, et autant de contrastes et d’hétérogénéité. L’esprit africain a suivi la diaspora à travers les routes de l’esclavage, les routes coloniales, commerciales, et d’exil et s’est diffusé dans le monde entier. Il a ainsi influencé les traditions brésiliennes, cubaines, européennes et américaines.

Paradoxalement donc, les arts africains échappent à une définition géographique, notamment par l’importance des diasporas de ce continent. Aussi, construire une collection en assumant une identité africaine pose la question même :                      « qu’est-ce que l’art africain ? »

 

 

*Plus de détails sur cet évènement → ICI

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