Artistes femmes, quelles ont été les meilleures enchères ?
Un effet #metoo ? Il semblerait que le milieu artistique accorde enfin une reconnaissance tardive, mais de plus en plus importante, aux artistes femmes.
n peut aussi constater que ces dernières années, des postes stratégiques ont été confiés à des femmes dans le milieu artistique ; et celles-ci ont beaucoup fait pour la mise en avant des artistes femmes dans le milieu de l’art.
Cela dit, tout est perfectible, et les hommes gagnent, sans surprise, beaucoup plus que les femmes dans ce milieu comme dans beaucoup d’autres.
Saluons néanmoins ce mouvement positif et espérons qu’il va continuer à aller dans cette saine direction.
En attendant la parfaite égalité, voici un petit aperçu des artistes femmes les mieux cotées et des meilleures enchères réalisées par des artistes femmes depuis l’été 2017, d’après le classement ArtPrice.
Cecily Brown, suddenly last summer
Cecily Brown, artiste britannique née en 1969, appartient à l’école de l’expressionnisme abstrait.
Soutenue par des très puissants acteurs du marché, l’artiste a vu ses prix flamber d’une façon très impressionnante ces dernières années : vendue 662 500 dollars en 2009, Suddenly Last Summer s’est arrachée en mai 2018 au prix faramineux de 6,8 millions de dollars !
Sa toile Suddenly Last Summer, chargée d’une salutaire énergie, dégage une composition d’une scrupuleuse rigueur qui tranche avec l’apparente désinvolture de son trait.
On pense bien évidemment en voyant cette toile à Jackson Pollock, l’un des plus éminents représentants du mouvement expressionniste.
La toile de Cecily Brown, qui peut aussi faire penser au spectateur à l’art tribal, s’érige en 32ème position des meilleures enchères depuis l’été 2017.
Les 31 premières places sont donc toutes occupées par des hommes …
Cecily Brown, the skin of our teeth
Ce titre de tableau poétique, aux allures surréalistes, a peut-être été emprunté à une pièce de théâtre de Thornton Wilder qui a remporté le Prix Pullitzer en 1943.
Les teintes rosées de ce tableau étrange mettent le spectateur dans une position trouble et presque gênante ; on a du mal à savoir ce qui, de la joie ou de la douleur, transparait le plus dans cette toile aussi belle qu’ambigüe.
Cette œuvre s’est vendue 3,9 millions de dollars.
Marlène Dumas, De gele vingers van de kunstenaar (The yellow fingers of the artist)
L’artiste Sud-Africaine née en 1953 connaît une progression fulgurante depuis ces dernières années. Inspirée elle aussi du mouvement expressionniste, elle a toujours favorisé simplicité et dépouillement dans son œuvre.
De gele vingers van de kunstenaar (The yellow fingers of the artist ) est une œuvre sombre et ambigüe, sur fond noir, où un personnage au front tatoué de fleurs regarde droit vers le spectateur avec un étrange rictus tout en pointant un doigt jaune vers lui, tandis qu’un personnage à droite boit un breuvage trouble en regardant le spectateur par en dessous. Elle ne peut pas laisser indifférent ; elle s’est envolée au prix de 3,6 millions en juin 2017.
Marlène Dumas, Magdalena, underwear and bedtime stories
Cette œuvre est également représentative de l’art de Marlène Dumas ; sa série des Magdalena, dont la composition est le sujet, suit un fil rouge très cohérent. Cette peinture, à la fois d’une étrange douceur et très puissante, représente une jeune femme qui se tient dans une posture fièrement statique face au spectateur, et dont la quasi-nudité est pudiquement cachée par ses longs cheveux. La toile s’est vendue 3,6 millions de dollars en novembre 2017. Une belle réussite, qui conforte la cote de l’artiste au beau fixe depuis une dizaine d’années.