Accomplice; la première exposition de Michael Armitage sur le continent africain
08/02/2020 - 15/06/2020La Fondation Norval accueille actuellement Accomplice : Michael Armitage, une exposition présentant le travail de l’artiste kenyan Michael Armitage, jusqu’au 15 juin 2020 dans la galerie 1. L’exposition comprend huit peintures et une série de dessins préparatoires à l’encre qui ont été créés au cours des deux dernières années à la suite des élections kenyanes de 2017. À travers cet ensemble d’œuvres, Armitage explore les représentations du corps politique, reliant les images de l’Afrique de l’Est contemporaine aux traditions de la peinture figurative occidentale. L’exposition Accomplice est curatée par Owen Martin, commissaire en chef et Talia Naicker, assistante à la Fondation Norval pour la conservation et les collections.
Armitage, qui est basé entre Nairobi, au Kenya, où il a grandi, et Londres, au Royaume-Uni, où il a étudié, a récemment été salué par la critique internationale de grands musées, commissaires d’expositions, collectionneurs et galeries. En témoigne l’exposition personnelle qui sera présentée l’année prochaine à la Haus de Kunst (Munich, Allemagne) et les expositions personnelles précédentes au Musée d’Australie d’art contemporain (Sydney, Australie), à la Fondation Sandretto Re Rebaudengo (Turin, Italie), à la South London Gallery (Londres, Royaume-Uni), à la Turner Contemporary (Margate, Royaume-Uni) et au Berkeley Art Museum and Pacific Film Archive (San Francisco, États-Unis). Il a participé à des expositions collectives internationales, notamment The Elaine Dannheisser Projects Series au Museum of Modern Art (New York, États-Unis), 2019 Venice Biennale (Venise, Italie), Prospect.4 (Nouvelle-Orléans, États-Unis) et 2015 Lyon Biennale (Lyon, France). En outre, Armitage a organisé de nombreuses expositions commerciales.
Au lieu de toile ou de lin, les peintures présentées dans l’exposition de la Fondation Norval sont réalisées sur du tissu Lubugo, fabriqué à partir de l’écorce de l‘arbre mutuba dans le sud de l’Ouganda. Ce tissu, mis au point par le peuple Baganda et désigné comme élément du patrimoine culturel oral et immatériel par l’UNESCO, est créé en enlevant une fine couche d’écorce de l’arbre mutuba, qui est ensuite battue avec une série de maillets pour former un matériau fin et flexible. Traditionnellement utilisé comme linceul funéraire et pour les vêtements de cérémonie, et donc investi de significations culturelles complexes, il a été adopté par Armitage après sa découverte dans un petit commerce touristique à Nairobi en 2010.
Les fissures et les irrégularités du lubugo étiré sont intégrées dans la composition de ses peintures, créant un dialogue entre la pratique de l’artiste et les significations conceptuelles et historiques du tissu, ainsi que ses qualités matérielles particulières.
Les œuvres incluses dans Accomplice, inspirées des observations de l’artiste sur les rassemblements politiques à Nairobi avant les élections générales kenyanes de 2017, démontrent également la connaissance approfondie de Michael Armitage en terme d’histoire de l’art. Les structures de composition et les préoccupations thématiques des peintures font écho aux œuvres clés de l’histoire de l’art occidental et africain. C’est ce qui ressort de The Fourth Estate (2017), une pièce maîtresse de l’exposition, dans laquelle des foules de partisans politiques du parti d’opposition kenyan se rassemblent sur et autour d’un grand arbre dans le parc Uhuru de Nairobi. La scène situe clairement l’œuvre dans un contexte est-africain, mais il existe des parallèles entre l’œuvre d’Armitage et la Folie ridicule (Disparate ridiculo) de Francisco Goya (vers 1819-1824 ; publiée en 1864). De même, La promesse du changement (2018), dans lequel des dirigeants politiques sont transformés en mannequins, rappelle les corps défigurés dans la série d’estampes de Goya, Les désastres de la guerre (Los Desastres de la Guerra) (1810-1820 ; publié en 1863).
L’exposition comprend également des œuvres telles que Mkokoteni (2019), Pathos et le crépuscule de l’oisif (2019), The Accomplice (2019), Le Voleur de poulet (2019), L’Oracle muet (2019), La promesse de changement (2018) et La terre promise (2019).
L’exposition est accompagnée d’une publication entièrement illustrée, éditée par Sandra Dodson et Owen Martin avec une conception graphique de Daniel Rautenbach. La publication comprendra deux essais.