Simone Leigh: De la représentation des femmes noires vers l’universalité
26/05/2020 - 11/07/2020La galerie David Kordansky de Los Angeles présente une exposition consacrée aux nouvelles sculptures de l’artiste afro-américaine Simone Leigh. L’exposition se tient du 26 mai au 11 juillet 2020.
Des œuvres inspirées par un ensemble de références universelles

Née à Chicago, Simone Leigh, crée des objets qui occupent l’espace liminal entre la figuration et l’abstraction. Grande penseuse et virtuose créatrice d’objets, de vidéos, d’installations, de performances et d’œuvres centrées sur l’engagement social, elle explore les expériences des femmes noires à partir d’une multitude de perspectives culturelles, formelles et de points de vue historiques. Ces dernières années, Simone Leigh a acquis une notoriété pour ses sculptures en céramique et en bronze de grande taille, qui présentent des formes de corps tressées et des jupes. Rendues à une échelle souvent plus grande que nature, les sculptures autonomes sont souvent installées à côté d’installations architecturales. L’œuvre se définit par une combinaison de matériaux – tels que l’argile, le bronze et le raphia – traditionnellement associés à l’art africain, mais qui s’inspirent d’un ensemble de références mondiales.

Les nouvelles sculptures en céramique de l’exposition comprennent de grands récipients en forme de bulbe et de bouteille, ainsi qu’une figure en forme de cloche à la fois monumentale et intime. Ces œuvres peuvent être interprétées en association avec la poterie de cruche à visage fabriquée par les Afro-Américains du XIXe siècle réduits en esclavage dans le Sud. L’intérêt de Leigh ici découle de la croyance en la valeur sacrée de ces vases, qui, selon beaucoup, servaient de talisman pour la protection spirituelle et la sécurité des espaces domestiques.
Une réflexion sur le corps des femmes noires dans notre monde contemporain

L’œuvre de Simone Leigh témoigne des expériences et des histoires sociales de sujets souvent omis des récits coloniaux dans une sorte d’auto-ethnographie qui est tout aussi en phase avec les perspectives individuelles et les structures collectives. Bien que son projet en cours porte essentiellement sur les épistémologies des femmes noires, ses œuvres vont au-delà de la représentation et résultent d’une recherche approfondie sur ses matériaux et leur histoire. Ses projets prennent forme à travers un spectre hétérogène de registres, combinant souvent des modes symboliques ethnographiques.
Une autre des nouvelle sculpture combine un élément en céramique sous la forme d’une tête et d’un torse de femme avec une grande jupe en forme de dôme recouverte de feuilles de palmier de raphia. À la fois méditation sur l’architecture vernaculaire (la jupe peut être lue comme une hutte reconvertie) et essai de textures, de couleurs et de rythmes visuels variés, l’œuvre pose des questions sur le modernisme et la relation entre le corps féminin noir et les environnements physiques, sociaux et historiques dans lesquels il apparaît.
L’éventail total de ses références, ainsi que sa compréhension nuancée des divers contextes dans lesquels son travail apparaît, aboutit à des analyses critiques de sujets aussi complexes que la perception féministe de la beauté, le rôle du corps physique dans les communautés et la représentation de la race, en particulier en ce qui concerne la représentation des femmes noires. En retournant à certains matériaux et typologies au fil du temps et dans différents contextes, Leigh établit un paysage de formes ouvert qui enregistre de subtils changements de perspective et d’échelle.

Leigh intègre souvent des éléments architecturaux dans ses expositions, comme ici dans une installation de grande envergure qui occupe un des coins de la galerie et la majorité d’un de ses murs. Structure d’acier en cage également recouverte de feuilles de raphia, l’œuvre transforme une référence métaphorique aux traditionnelles huttes ovales en herbe de Rondavel en Afrique subsaharienne ou aux habitations de Mousgoum dans le nord du Cameroun et du Tchad en un objet qui se situe quelque part entre l’habitat fonctionnel et la sculpture minimaliste. Bien qu’il n’y ait pas de porte d’entrée, il évoque, bien que conceptuellement, la possibilité d’un rassemblement commun dans un espace qui normalement privilégie un visionnages individuel.
