Un musée Spiritain dédié aux Arts Africains ouvre ses portes

Le musée spiritain des Arts classiques d’Afrique est situé au sein de la communauté spiritaine Saint-Joseph, dans la commune d’Allex dans le département français de la Drôme. L’idée du musée Spiritain des Arts Africains est née de la rencontre entre Nicolas Rolland (conseiller scientifique du projet) et la Congrégation du St-Esprit. 

La Congrégation du Saint-Esprit, société missionnaire catholique fondée en France en 1703, a fait de l’Afrique noire sa principale terre de mission. À partir des années 1840, les Spiritains rayonnent sur tout son territoire, et plus spécifiquement encore dans sa zone équatoriale (actuels Gabon et Congo). Ses membres y vivent aux côtés de populations dont ils apprennent les langues et dont ils découvrent les coutumes et les rites. Ils recueillent sur le terrain des informations très riches pour les ethnologues et y collectent de nombreux artefacts: objets du quotidien, mais aussi sculptures rituelles associées à des contextes éminemment religieux.

Ces objets, rapportés peu à peu en France et dispersés dans les diverses maisons de la Congrégation, viennent alimenter jusque dans les années 1930 d’importants ensembles qui sont présentées dans le cadre de petits musées missionnaires ou dans des expositions destinées à servir la propagande missionnaire. Un patient travail de recherche et de récolement initié depuis plusieurs années par la Congrégation elle-même a permis d’éclairer l’histoire du fonds spiritain et d’en dresser un inventaire, permettant ainsi la mise à jour de nombreux objets inédits, dont quelques chefs d’oeuvre de l’art classique d’Afrique.

© Spiritan Museum of African Arts
© Spiritan Museum of African Arts

Les collections spiritaines constituent un témoignage exceptionnel de la vie, des traditions, de l’art et des croyances des populations d’Afrique équatoriale à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle.

La grande majorité des oeuvres réunies par les missionnaires spiritains sont originaires du Gabon, du Congo Brazzaville et du Congo Kinshasa. Le panel des artefacts conservés dans les collections est large et concerne autant le quotidien (outils, plats, sièges, armes, parures, etc.), que le sacré (rites d’initiation, liturgie des sociétés initiatiques, pratiques thérapeutiques ou divinatoires, etc.) avec de nombreux masques et statues.

Consciente de la nécessité de protéger ce patrimoine unique et de le rendre accessible à un large public, la Congrégation a souhaité réunir tous ces objets dans un nouveau musée adapté aux standards modernes de conservation et d’accueil, dont elle a confié la réalisation à l’agence NeM architectes, déjà réputée pour l’aménagement de la nouvelle Fondation Pinault à Paris (Bourse de commerce) sous l’égide de l’architecte japonais Tadao Ando. Le projet est une collaboration avec Gernay architectes. 

© Cyrille Weiner, NeM / Niney & Marca Architectes

La collection d’art classique Africain de la Congrégation du Saint-Esprit reste assez méconnue. Ce sentiment de découverte d’une collection très peu exposée jusqu’à ce jour semble avoir donner la direction architecturale du musée. L’objectif fût triple. Il s’agit de favoriser des rencontres et des échanges d’idées autour des thèmes des expositions, de présenter et partager la collection avec le public, et enfin de conserver et préserver les œuvres.

Depuis la petite porte d’entrée, la collection s’embrasse d’un regard, proposant ainsi des rapports croisés entre les œuvres. La scénographie propose une superposition et un développement croissant de niches en argile qui évoquent l’empilement, le stockage, la classification: une allégorie spatiale de l’acte de collectionner.

Le parquet de pin maritime sur lambourde blanchi et les enduits clairs renvoient avec douceur la lumière diffuse, mettant en scène dans une atmosphère poudrée la découverte d’une collection jusqu’ici confidentielle. Les œuvres se détachent sur ce fond blanc, posées dans les niches et protégées par des plaques de verre dont les reflets accrochent l’œil.A mesure que l’on s’avance librement, les proportions des vitrines incitent progressivement le visiteur à expérimenter physiquement un regard changeant sur les œuvres, se penchant sur elles d’abord, jusqu’à en être lui-même enveloppé. 

Les blocs d’argile se développent jusqu’à remplir complètement la salle: à la limite de la réserve, les vitrines hautes confinent l’espace, réduisent les profondeurs de champ et atténuent l’ambiance acoustique, proposant une relation plus intime aux œuvres les plus sacrées. Au fond de l’exposition se devine la réserve, visible, mais inaccessible au public.

La disposition des vitrines comme une suite numérique très stricte (5-4-3-2-1) permet à la fois d’écraser la perception de profondeur depuis l’entrée pour appuyer cette vision d’un ensemble et, paradoxalement, de mettre à disposition une scénographie souple et non-déterminée offrant de nombreuses combinaisons de relations d’œuvres à œuvres. Des vitrines mobiles viennent compléter le dispositif pour définir des cheminements au besoin.

NeM Architectes
NeM / Niney et Marca Architectes
Lucie Niney et Thibault Marca, associés

Gernay Architectes

Musée Spiritain des Arts Africains 
Maison Saint-Joseph
4 Montée de la Butte
26400 Allex
FRANCE

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