Vincent Michea tout en Variété
07/12/2019 - 08/02/2020La galerie Magnin-A dévoile une exposition solo de l’artiste Vincent Michéa dans son espace parisien jusqu’au 1er Février 2019.
Vincent Michéa est un amoureux de musique et de vinyles, en particulier l’aspect visuel et graphique des pochettes d’album qu’il reproduit. « Je me considère comme un peintre de variétés, comme on dit « chanteur de variétés », celui qui sait tout chanter du Rock au Funk, du Folk à la chanson populaire » explique Vincent Michéa. Le choix de ses sujets, quotidiens, ses aplats de couleurs vives et le traitement stylisé des scènes, le rapprochent du Pop Art. Cofondateur du label 100% Dakar, Vincent Michéa collabora au sein du studio DKR dans les années ’90.
« Certains orchestres sénégalais ou congolais magnifiques ont cette envie de savoir tout faire, cette volonté de jouer tous les répertoires du mieux possible et j’adore ça ! C’est ce que je recherche dans mon travail, quelque chose de facile à s’approprier, quelque chose de populaire. Je suis un peintre de variétés qui adapte son sujet à sa technique. J’utilise des codes très graphiques, très visibles dans mes collages, ma peinture et mes marouflages de feuilles de papier. J’adapte mon sujet à mon support. » déclare t-il.
Vincent Michéa, qui ne souhaite pas assimiler son art à quelconque discours politique, peint pour ceux qui regardent. Ses oeuvres ont pour vocation d’éveiller les sens et à « faire plaisir » comme il le souligne. « Je remets en images des choses que les gens ont tellement l’habitude de voir qu’ils ne les voient plus, comme les pochettes d’albums. Comme dans le Pop Art où l’on revisite des objets populaires et que l’on donne à regarder à nouveau en mettant en valeur leurs qualités graphiques ou leurs couleurs. Dans mes scènes de rues, de marchés, les couleurs sont tranchées, il y a une stylisation de la forme et de la couleur.«
Après l’obtention de son diplôme à l’Ecole Supérieure d’Arts Graphiques à Paris, Vincent Michéa part en 1986 exercer son métier de graphiste à Dakar, à l’époque du cinéma afro-pop et des précurseurs du rap africain. Sa formation de graphiste a encré en lui l’importance de la forme au point que cela devienne le coeur de sa recherche. « On apprend le dessin en commençant par le nu pour avoir une notion de composition, plus que de maîtrise ou d’anatomie. J’ai une formation de graphiste et en typographie le blanc de la lettre est aussi important que le noir imprimé, c’est la forme et la contre forme. L’œil circule et il faut que ce soit confortable à lire ou à regarder. Maîtriser la typographie m’aide à composer mes peintures. La peinture doit être agréable à lire. » insiste l’artiste. Son œuvre donne à voir une image nostalgique et glamour de Dakar, avec son architecture moderniste, le foisonnement de sa scène musicale passée, ses fleurs qui recouvrent tout et sa vie locale.
En 1987 Vincent Michéa expose pour la première fois son travail à la Galerie Nationale du Sénégal. Entre 1988 et 1991, il rentre à Paris et travaille avec Roman Cieslewicz, artiste polonais majeur de la scène graphique. Encouragé par ce graphiste de renom, il renforce son intérêt pour les choses imprimées et les techniques d’impression. En 2007 il anime des ateliers de photomontage à l’Académie des Beaux-Arts de Kinshasa et à partir de l’année suivante s’occupe de l’atelier de sérigraphie de l’Ecole Supérieure des Arts Visuels de Marrakech. Vincent vit et travaille entre Paris et Dakar.