« La Langue d’autrui »: une exposition de dessins préparatoires par Michael Armitage
06/07/2020 - 16/08/2020Par son choix de titre, « Another’s Tongue », Michael Armitage souligne la multitude des voix qu’il tisse dans ses œuvres.
Une représentation de la pluralité des expériences humaines
« Another’s Tongue » rassemble des œuvres sur papier que l’artiste kenyano-britannique Michael Armitage emprunte à la vie, à sa mémoire et à d’autres sources, notamment ses notes vidéo qui forment l’épilogue de l’exposition. Dans ses études à l’encre fluide, Armitage peint l’étendue du paysage kenyan et sa faune, ainsi que la vie dans les rues des villes d’Afrique de l’Est. Ses croquis de personnages saisissent l’énergie des artistes, des prophètes, des musiciens, des foules costumées lors des rassemblements électoraux kenyans et des brasseurs clandestins des bidonvilles de Nairobi.
Le peintre Walter Sickert disait , « je voudrais que toutes les œuvres soient différentes, mais aussi unifiées. Différentes dans le sens où chaque jour est différent, différentes dans le sens où les expériences sont toujours différentes, j’aimerais que l’œuvre reflète ce genre de changement et la façon dont un esprit change, la façon dont une attitude change ». C’est également ainsi qu’ Armitage souhaiterait que son travail soit perçu.
Une dimension politique
Lors de la visite de la précédente exposition de Michael Armitage « Le complice » à la Fondation Norval, l’écrivain Imraan coovadia a déclaré : « Armitage est clairement plus intéressé par la signification poétique ou philosophique de son matériel visuel que par sa valeur purement documentaire. Il est donc généralement attiré par ce qui se passe en dehors de la scène politique : les drames humains émouvants ou « sous-intrigues » qui détournent et remettent en question le récit politique dominant, en racontant des histoires différentes, souvent concurrentes ».
Armitage a par exemple lors des élections kenyanes de 2017 rejoint une équipe de télévision locale lors d’un rassemblement de l’opposition dans le parc Uhuru, au centre de Nairobi. Pris dans la foule, Armitage s’est souvenu d’un arbre rempli d’observateurs perchés et de fêtards en costume de carnaval, portant perruques, masques et écharpes. Ces personnages ont ensuite été filmés en train de courir sous les gaz lacrymogènes et de lancer des pierres sur la police, qui avait riposté par des tirs d’armes à feu. De nombreuses œuvres sur papier proviennent de séquences filmées de ces scènes, et ont plus tard inspiré une série de peintures.
Michael Armitage
Michael Armitage est né en 1984 à Nairobi, au Kenya. Il travaille entre Nairobi et Londres où, de 2007 à 2010, il a étudié à la Slade School of Fine Art et à la Royal Academy Schools. L’année dernière, Armitage a participé à la 58e Biennale de Venise et a présenté des expositions personnelles à la Fondazione Sandretto Re Rebaudengo à Turin, au Museum of Contemporary Art Sydney, au Museum of Modern Art à New York, en collaboration avec le Studio Museum Harlem, et à la Norval Foundation au Cap.
Concernant les techniques utilisées, il harmonise souvent la diversité de ses sujets grâce à l’utilisation de l’encre brune du médium Prout. Traditionnellement utilisée pour les rendus architecturaux, l’encre brune permet à Armitage de superposer et de diluer ses dessins d’une manière analogue à la construction et au frottement de sa pratique de la peinture. Le travail au pinceau ton sur ton avec un clair-obscur puissant donne vie aux traits expressifs du visage et du corps, capturant avec économie et sensibilité une expression fugace ou un moment aperçu.