Portrait de Assietou (Mauritanie) © Titouan Lamazou, 2015

L’exposition « Sahara, Mondes Connectés » s’installe à Marseille jusqu’au 1er septembre 2019

Que connaissons-nous du Sahara de nos jours ? Ce sont souvent des images d’ Épinal, parfois même des clichés, qui nous viennent à l’esprit, bien loin de la réalité actuelle.

Née de la rencontre entre Titouan Lamazou, artiste voyageur, et Charles Grémont, historien à l’IRD, c’est au Musée d’Arts Africains, Océaniens, Amérindiens de Marseille que l’exposition « Sahara, Mondes Connectés » s’est élaborée avec l’aide précieuse de Marianne Pourtal Sourrieu, sa conservatrice. L’exposition présentée jusqu’au 1er septembre 2019 au centre de la Vieille Charité de Marseille, se propose de questionner et renouveler les représentations sur le Sahara.

Tempête de sable © Titouan Lamazou, 2013
Tempête de sable Niamey, Niger Huile et photographie sur toile 56 x 76 cm © Titouan Lamazou, 2013

Évoquer la problématique de la connexion au Sahara permet d’appréhender l’espace saharien d’un point de vue inhabituel lorsque l’on pense aux étendues désertiques.

Ce rapport entre la connexion et les étendues désertiques conditionne la survie des sociétés du Sahara et de ceux qui le traversent. La mobilité, à la fois contrainte et ressource, art de vivre et stratégie politique est au fondement de cultures singulières.

En associant de magnifiques objets ethnographiques issus de collections prestigieuses à des objets du quotidien, des réalisations audiovisuelles et les œuvres d’artistes contemporains comme Hicham Berrada, Romuald Hazoumé ou Leila Alaoui, cette exposition entend faire percevoir ces réalités en suivant le fil de mobilités permanentes et toujours réinventées. Les œuvres de Titouan Lamazou, présentées en continu dans l’exposition, proposent une expérience personnelle de cette mobilité, le regard d’un artiste voyageur.

Leila Alaoui, Crossings, 2013 © Courtesy Fondation Leila Alaoui & Galleria Continua San Gimignano | Beijing | Les Moulins | Habana
Leila Alaoui, Crossings, 2013
© Courtesy Fondation Leila Alaoui & Galleria Continua San Gimignano | Beijing | Les Moulins | Habana

Il est triste de constater que le désert du Sahara cristallise aujourd’hui des représentations bien sombres et inquiétantes.

Aux yeux des médias occidentaux, le désert du Sahara apparaît comme le réceptacle de tous les maux de la planète : crise climatique endémique, prolifération de groupes rebelles, interventions d’armées nationales ou militaires extérieures, prises d’otages, racket et parfois abandon des voyageurs migrants en plein désert, reconduites aux frontières, trafics de personnes et de marchandises illicites. Ces phénomènes existent bel et bien et pèsent au quotidien sur les populations du Sahara et du Sahel. Ils sont cependant relativement récents à peine vingt ans et n’ont pas totalement fait disparaître un autre versant, bien plus positif, des représentations de cette région du monde. Lieu de silence et de recueillement, vastes étendues synonymes de voyages au long cours et de liberté, le Sahara représente encore en Occident, rêves et exotismes, au moins dans les mémoires.

Les chercheurs d'or, Agadez, Niger Huile et photographie sur toile 62 x 95 cm © Titouan Lamazou, 2014
Les chercheurs d’or,
Agadez, Niger
Huile et photographie sur toile 62 x 95 cm © Titouan Lamazou, 2014

Entre ces deux pôles de représentation se tisse une infinité de situations et de mises en récits, plus nuancées et certainement plus complexes. Nous en retiendrons une caractéristique particulière :la mobilité. C’est le long et au croisement de la circulation des hommes, des marchandises, des idées et des imaginaires que se situe le propos de cette exposition. Les notions de distance, de déplacement, de parcours, de circulation, de voyage, de migration, de rencontre, de connexion et de déconnexion sont au cœur de cette expérience muséographique. L’objectif est d’amener les visiteurs à découvrir, dans le temps long de l’histoire, que le désert saharien est un territoire paradoxal, car impermanent, fait de lieux et de moments essentiellement mobiles, où les populations réinventent en permanence leurs rapports aux autres, au temps et à l’espace.

Camp de M’bera durant la réalisation de Retour à Tombouctou © Bruno Pellarin, 2013
Camp de M’bera durant la réalisation de Retour à Tombouctou © Bruno Pellarin, 2013

Ces portraits et scènes de la vie quotidienne nous transportent au cœur des expériences sensibles des individus en mouvement et, souvent aussi, en attente.

Ces voyages et transhumances, ces mouvements guerriers et ces trafics, ces exils et ces rêves sont au cœur du travail de l’artiste peintre Titouan Lamazou, qui sillonne ces régions d’Afrique depuis de nombreuses années. Il aborde les personnes et les paysages au rythme lent de ses réalisations picturales. Soucieux du devenir des familles qui l’avaient accueilli à Tombouctou (Mali) à la fin des années 1990, confrontées à une nouvelle rébellion déclenchée en 2012, Titouan Lamazou est parti à leur recherche, dans des camps de réfugiés érigés dans les pays voisins (Mauritanie, Burkina-Faso, Niger, Algérie). Chemin faisant, il a croisé la route de guerriers, de musiciens, de commerçants, de trafiquants, de chercheurs d’or, d’aventuriers en tout genre franchissant les frontières géographiques aussi bien qu’identitaires, en quête d’une vie meilleure.

L’exposition « Sahara, Mondes Connectés » s’inscrit ainsi pleinement dans la démarche du Bateau-atelier de Titouan Lamazou. Véritable outil porteur d’espoir, de partages et de rencontres, le Bateau-atelier accompagnera artistes et scientifiques pour qu’émergent des regards pluriels convoquant l’art et la science. Depuis cette plateforme nomade, seront alors diffusés leurs travaux, leurs expériences, relais de sensibilisation d’un vaste public à la beauté et la fragilité de nos  écosystèmes. Ce Bateau-atelier a vocation à devenir une véritable institution artistique itinérante pérenne, internationale et éducative. Il naviguera sous le haut patronage de l’UNESCO.

 

SAHARA mondes connectés
Du 10 mai au 1er septembre
Musée d’Arts Africains, Océaniens, Amérindiens  (MAAOA)
Centre de la Vielle Charité
2 rue de la Charité 13002 Marseille

 

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