oeuvre de l'expositionLe monde selon Roger Ballen

« Le Monde selon Roger Ballen », à la Halle Saint Pierre

Du 7 septembre 2019, au 31 juillet 2020, l’exposition « Le monde selon Roger Ballen » s’empare des murs de la Halle Saint Pierre de Paris. Une rétrospective exceptionnelle couvrant plus de quarante années de carrière de l’artiste.

À l’origine d’un style unique qu’il décrit lui-même comme « ballenesque », Roger Ballen est l’un des photographes les plus importants de sa génération. Après avoir acquis une reconnaissance internationale en collaborant notamment avec le groupe Die Antwoord, il utilise depuis peu dessins, peinture, collages et différentes techniques sculpturales pour créer des installations élaborées, inventant une nouvelle esthétique hybride encore fermement enracinée dans l’art photographique. Pour la première fois en France, La Halle Saint Pierre propose avec l’exposition « Le Monde selon Roger Ballen » une véritable rétrospective de cet artiste hors-normes, avec également des installations inédites produites in situ.

« Mon exposition, Le Monde selon Roger Ballen à la Halle Saint Pierre reste la plus grande présentation de mon travail en 50 ans de carrière. Il établit clairement le lien entre l’esthétique Ballenesque et l’art outsider qui a joué un rôle crucial dans mon processus créatif. » – Roger Ballen

Roger Ballen un artiste d’exception

Le travail photographique de Roger Ballen s’étend sur plus de quarante ans. Ses œuvres étranges et extrêmes confrontent les spectateurs et les mettent au défi de les accompagner dans un voyage explorant les recoins les plus profonds de leur esprit et celui de l’artiste.

Né à New York en 1950, l’artiste vit depuis plus de 30 ans en Afrique du Sud. Son travail de géologue lui a permis de découvrir le monde désolé des lointaines banlieues et des campagnes et l’a amené, à l’aide de son appareil photo, à explorer le monde caché des petites villes sud- africaines. D’abord à l’affût des rues désertes et écrasées par le soleil de midi, il décide d’aller à la rencontre des gens, et découvre un tout autre monde dans les intérieurs de ces maisons, ce qui allait avoir un effet indélébile sur son travail. Ces intérieurs et les occupants de ces mondes fermés lui ont permis de développer sa critique sociale. Dès 1994, il laisse de côté son travail lié au monde rural pour se concentrer sur la vie urbaine, à Johannesburg.

Le monde selon Roger Ballen

C’est au fil des années que s’est mis en place le monde selon Roger Ballen, né de, et dans son rapport à la photographie.

« Roger Ballen règne sur le monde noir et blanc de la psyché humaine. Troublante, provocante et énigmatique, l’œuvre du photographe sud-africain d’origine américaine, géologue de formation, exprime le sentiment de confusion de l’homme confronté au non-sens de son existence et du monde même. » – Martine Lusardy,
Directrice de la Halle Saint Pierre et Commissaire de l’exposition

Il est incontestable que la rencontre avec la réalité sociale et psychologique de l’Afrique du Sud, en particulier de ses « dorps » fut pour Roger Ballen une expérience déterminante : « La découverte de tels lieux signifiait pour moi que j’aurais à y revenir souvent, attiré là par des raisons inexplicables.»

Photographie de Roger Ballen "Addict", 2014
Addict, 2014 (© Roger Ballen)

L’investigation d’une Afrique du Sud pauvre et profondément rurale, une Afrique refoulée, apparait comme une métaphore d’un voyage introspectif de l’artiste, à la fois identitaire et esthétique. Lorsque Roger Ballen photographie ces Sud-Africains marginalisés par la peur, la misère et l’isolement, il transforme le temps de ceux-là mêmes qui vivent dans le monde du geste répétitif et absurde en un autre temps où ils deviennent les auteurs d’un univers plastique qu’ils ont engendré.

Si trouble il y a devant ces différents univers perçus pour leurs valeurs plastique et esthétique, c’est que, situés en deçà des événements historiques, ils mettent à nu ce sentiment d’aliénation ressenti dans un monde où les êtres sont exilés d’eux-mêmes. Mais il faudra que l’image se libère de son caractère indiciel pour que l’imaginaire « ballenesque » puisse se réaliser comme métaphore de la condition humaine.

Installation de Roger Ballen "Superman", 2018
Superman, 2018 (© Roger Ballen)

Un imaginaire que l’artiste prolongera dans la vidéo et l’installation comme théâtralisation de sa vision dystopique du monde. L’entre-deux, lieu de l’incessant va-et-vient entre animé et inanimé, réalité et fiction, humanité et animalité, présence et effacement, nous mène à un espace intérieur aux frontières incertaines. « Mes images ont de multiples épaisseurs de sens et pour moi il est impossible de dire qu’une photographie concerne autre chose que moi-même », aime à rappeler Ballen en écho aux mots de Dubuffet : « L’homme européen ferait bien de détourner par moments son regard, trop rivé à son idéal d’homme social policé et raisonnable, et s’attacher à la sauvegarde extrêmement précieuse à mon sens, de la part de son être demeurée sauvage. »

L’exposition « Le monde selon Roger Ballen » est à voir jusqu’au 31 juillet 2020 à La Halle Saint Pierre : 2 Rue Ronsard, 75018 Paris.

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