Six questions à Cécile Fakhoury de la galerie éponyme

Cécile Fakhoury répond à six questions à l’occasion de l’exposition Babitopie qui se tient du 6 décembre au 21 Février 2020 à la galerie Cécile Fakhoury à Dakar.

Cécile Fakhoury. © Galerie Cécile Fakhoury.
Portrait de Cécile Fakhoury. © Galerie Cécile Fakhoury.

Cécile Fakhoury, que veut-dire « Babitopie » le titre de votre exposition avec Ana Zulma et Jean Servais Somian ?

Babi est le petit nom affectif que l’on donne à Abidjan, et Topie pour signifier le lieu imaginaire, comme dans Utopie, pensée chimérique, espoir et rêve. Ana Zulma et Jean Servais proposent dans Babitopie des réflexions, des histoires et des états hybrides, inspirés d’une histoire à la fois commune et singulière. Ensemble ils inventent le berceau d’un nouveau monde où la créativité a une place majeure et où la collaboration est salvatrice. Ensemble ils hurlent le pouvoir de l’art, de tous les arts, la photographie, le design, la sculpture, l’installation, l’écriture, le conte, la poésie, le dessin, la peinture…

Et si l’art avait le pouvoir de rééquilibrer les forces ? Ana et Jean ici se font archéologues, ils fouillent, le passé, le présent et le futur pour en sortir des nouvelle formes et réflexions afin de construire un avenir collectif et inspiré.

Ana Zulma est une artiste franco-ivoirienne et Jean Servais un designer ivoirien. Quel est le fil de leur collaboration artistique ?

L’envie ! Ces deux artistes sont habités par un désir de communiquer, de dialoguer entre eux et avec les autres. Cette exposition est une invitation sincère à entrer dans ce monde Babitopien qui est le leur mais qu’ils souhaitent partager avec le plus grand monde. Ce projet nait à Abidjan. Un premier volet de Babitopie fut montré à la Galerie Louis Simone Guirandou en 2016 ; c’est donc la suite de l’histoire qui sera visible à Dakar à la Galerie Cécile Fakhoury. La notion d’itinérance, de chemins croisés, de géographies multiples constitue l’essence de cette collaboration. Faire ensemble, habiter le monde librement, créer des dynamiques multiples sont des moteurs pour Jean et Ana.

Vue de l'exposition Babitopie à la galerie Cécile Fakhoury. Jean Servais Somian et Ana Zulma. © Galerie Cécile Fakhoury.
Vue de l’exposition Babitopie à la galerie Cécile Fakhoury. Jean Servais Somian et Ana Zulma. © Galerie Cécile Fakhoury.

La trace, le temps, le présent, le vivre ensemble, les identités, sont les thématiques abordées dans cette exposition sur plusieurs supports ?

La trace, l’observation de l’histoire pour mieux appréhender le présent et les temps à venir, le vivre ensemble sont quelques unes des trames de cette exposition.

Le temps y est palpable, on peut y percevoir un passé, fouillé, sorti de multiples couches terrestres, une ancestralité recherchée et assumée, l’histoire avant l’histoire, l’âme du début de la vie. D’où vient-on ? Les meubles-sculptures en bois de Jean Servais comme des totems, des balises pour mieux nous guider dans notre contemporaine. Ne pas oublier, jamais, à œuvrer à connecter les mondes.

Ana Zulma s’octroie ce pouvoir de ramifier, raccorder, soigner des identités oubliées. Elle perce, coud, peint, dessine sur ces visages sans noms et réinvente des vies et des destins. Les matériaux de Jean trouvent leur place dans cet acte quasi chirurgical : il vient y apposer une couronne de perles, magnifier et détourner l’ordinaire. Ana et Jean s’entendent à merveille pour cela.

Française, vivant à Abidjan, parlez-nous de votre rapport à l’art et à l’Afrique.

J’ai un intérêt pour l’art depuis longtemps, mes parents ont une galerie d’art moderne à Paris. J’ai toujours été sensibilisée à la création.

J’ai ensuite découvert l’art contemporain. En voyageant en Afrique j’ai eu l’opportunité de rencontrer des artistes et de découvrir un histoire culturelle forte. J’ai vécu ces premières rencontres comme de vrais chocs, j’ai vu des choses différentes, des artistes avec des regards et un rapport au monde justes et saisissants.

Pourquoi avoir choisi de défendre et de promouvoir l’art contemporain d’Afrique depuis l’Afrique ?

J’ai la conviction que le marché lié à la création africaine doit se structurer depuis le continent africain et non depuis l’Europe ou les États-Unis. Avec l’ouverture de Dakar je persiste dans cette idée : le développement de la galerie se jouera en Afrique. Je voyage en Côte d’Ivoire depuis une quinzaine d’années, ce sont mes rencontres avec les artistes et mon installation à Abidjan qui m’ont poussée à développer un projet en ce sens.

Abidjan est une ville en plein essor et un point névralgique de l’Afrique de l’ouest. Il y a beaucoup de choses à faire en termes de culture et de marché. En 2012 la structure de galerie s’est très rapidement imposée, tout comme le développement à Dakar en 2018.

Quelles sont vos prochains moments forts pour la galerie ?

Les expositions en galerie sont des moments forts, les artistes sont présents, c’est un moment privilégié pour passer du temps et échanger avec eux. Monter une exposition ensemble est une formidable manière de comprendre réellement les pensées d’un artiste. Je dirais donc comme prochains temps forts : l’exposition Babitopie d’Ana Zulma et Jean Servais Somian à Dakar le 5 décembre puis l’exposition Innocente de Dalila Dalléas Bouzar le 12 décembre à Abidjan. Nous participons également à deux foires sur le continent africain, les deux en février: 1-54 Marrakech et Cape Town Art Fair. Ce sont deux marchés en développement et nous sommes enthousiastes de pouvoir participer à cette construction.

Babitopie
À découvrir du 6 Décembre au 21 Février 2020
Galerie Cécile Fakhoury
Dakar, Sénégal

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