February James: Des portraits aux questions sans réponses
1-54 Foire d’art contemporain Africain collabore avec Artskop3437 pour une série d’interviews avec certains des artistes présentés lors de l’édition new-yorkaise de la foire, qui se tient exclusivement en ligne tout au long du mois de Mai 2020. Palesa Motsumi a rencontré February James, artiste autodidacte en pleine ascension qui crée des peintures figuratives. Au lieu de portraits réalistes, James capture l’essence de ses personnages dans ses aquarelles. L’artiste nous raconte son parcours et nous livre un portrait sensible de son processus créatif.
Palesa Mostumi : Quand j’apprends à connaître d’autres artistes dans d’autres parties du monde, je me demande toujours quel genre d’artiste ils sont. Quel genre d’artiste êtes-vous ?
February James : Je suis encore en train de déterminer quelle genre d’artiste je suis tous les jours. Je suis ancrée dans ce que je suis et dans mon métier, mais à chaque nouvelle œuvre, je découvre de nouvelles choses sur le « moi » en tant qu’artiste. Je découvre des choses sur ce que je souhaite dire et pourquoi je veux le dire. Et puis, il y a des moments où je me laisse aller à la recherche du mouvement.
Je ne crois pas qu’aller à l’école fasse de vous un(e) artiste. L’école ne peut pas vous apprendre comment être un artiste ; nous sommes tous nés créateurs de quelque chose. Pour moi, l’école est un objectif personnel, c’est pourquoi je me suis accrochée à cette idée la plupart du temps au plus près de ma poitrine. Mon jeune frère est mathématicien. Il poursuit actuellement un doctorat et il est la seule autre personne de ma famille à avoir terminé un cursus d’études supérieures de quatre ans et plus. Je dis cela pour souligner le fait que je ne viens pas d’une famille de chercheurs.
Trouver un emploi après avoir obtenu son diplôme de fin d’études secondaires, pour moi c’était travailler dans un bar. Ainsi, l’école et la poursuite de mes études ont toujours été un objectif personnel, que je sois peintre ou plombier. Je vis en perpétuel état de curiosité et je cherche toujours à me remettre en question.
Les personnages de vos œuvres sont d’une complexité tranquille dans la façon dont vous les avez articulés et ont un réel sens de votre vie familiale et personnelle. Qu’est-ce qui vous vient à l’esprit lorsque vous entrez dans votre atelier pour créer des œuvres si personnelles ?
Je ne suis pas le genre d’artiste qui dispose d’une notion d’un sujet et qui cherche ensuite des matériaux pour la réaliser. Un sujet me vient en tête et puis je le perds. C’est presque comme si j’étais constamment à la recherche du portrait. Je n’esquisse pas d’abord des idées, je suis horriblement doué pour cela.
L’essentiel de mes peintures émane du caractère « évasif » et par le fait qu’il y ait des questions sans réponses. Je découvre ce qui se passe à travers l’œuvre. Dans une certaine mesure, essayer d’écrire sur l’œuvre est parfois assez ardu, car ce que je fais peut se produire avant que le sens n’apparaisse et ne se dégage plus tard.
C’est comme si j’entendais une blague et qu’on me donnait la chute plus tard. C’est un processus que je respecte et que j’ai appris à aimer et à honorer dans ma pratique. C’est pourquoi l’expérimentation est très importante pour moi. Je suis mis au défi d’apprendre en échouant, de passer à travers, de découvrir et d’y prendre plaisir.
Quel a été votre plus grand défi en tant qu’artiste dans les temps incertains que nous vivons en ce moment ?
Je dois dire, supporter douleur que l’actualité et l’information entraîne. Entendre parler de tous les employés de première ligne, des familles qui sont menacées de perdre leur maison, des familles qui ont perdu des êtres chers. Le poids dévastateur que cette pandémie porte.
Vous travaillez aussi avec des techniques mixtes dans vos oeuvres. Est-ce un choix qui vous a séduit suite à vos études à Pasadena ? Ou était-ce une décision prise plus tard ?
Mes études au Centre d’art remontent à 2018. J’ai toujours travaillé simultanément avec l’aquarelle et le pastel à l’huile. J’ai évolué vers d’autres médiums. Avec les pastels à l’huile, je me sens attirée par ces houles de couleurs et les gestuelles.
Avec l’aquarelle et l’encre, je me sens nourrie et vue lorsque les visages émergent de la page. Le travail de l’argile est ma plus récente activité, apprise au Centre d’art. La manipulation de l’argile implique de nombreuses manières d’expériences tactiles et gestuelles qui peuvent être considérées comme des moyens relationnels primitifs pour entrer en contact avec les autres et le monde. Ce que je ne peux pas dire avec la peinture, je peux le dire avec l’argile.
Le sujet de la famille et des relations est très personnel et politique à bien des égards. Que peut attendre de vous, cette année, le public régulier ou nouveau de la foire d’art africain contemporain 1-54 ?
Je pense que nous serons tous surpris, moi y compris. Je m’attache cependant à donner plus de vie aux personnages. Qui sont-ils ? Où sont-ils ? Qu’ont-ils à dire ?